Marianna De Robertis. Avec un nom pareil, on pourrait croire que c'est elle qui va se déguiser en princesse, surtout qu'il s'agit de son anniversaire. Mais non, la princesse c'est moi. D'après mon amie, ça va bien à mon air virginal et majestueux. Sans doute une façon de dire que j'ai des formes trop généreuses pour une fille complètement frigide. C'est comme ça qu'elle me considère, je le sais ; c'est comme ça que tout le monde me considère, à la fac d'Histoire où nous sommes étudiantes toutes les deux depuis cinq ans.

Dire que je viens de passer un concours, et que je vais peut-être trouver du travail à mon tour dans une école... où, cette fois, c'est moi qu'on appellera "professeur". Et pourtant, on me voit encore comme une petite fille. La vie est parfois étrange.

Pour Marianna, tout est simple et clair. Elle a toujours fait son âge. Ses vingt trois ans, qu'elle fête aujourd'hui, elle les porte sur sa figure, maquillée avec art et juste assez de provocation, comme une affiche qui proclame son expérience sexuelle glanée sur le campus et lors de fêtes entre amis. Elle est en couple à présent, depuis un an, mais ça ne l'empêche pas de montrer ce qu'elle aime et ce qu'elle veut. Au contraire, c'est cette audace décomplexée qui séduit son copain.

Je me demande si j'en trouverai un qui apprécie mon air... plus angélique. L'air de ne s'intéresser à personne, à part pour une tranquille petite conversation autour d'une tasse de thé. Un air de vieille fille avant l'heure. La prof d'Histoire qui vit avec ses bouquins et ses chats, vous savez...

Mais c'est son anniversaire qu'on fête aujourd'hui, et c'est à la fête médiévale, bien sûr. C'est sa grande spécialité, le moyen-âge ; son sujet de Master porte sur la tradition du carnaval entre le dixième et le quatorzième siècle. Et surtout, elle, c'est loin d'être une prude ou une vieille fille en puissance. Elle a rompu avec son copain il y a ...je compte sur mes doigts, quatre semaines. Et déjà, elle file le parfait amour à nouveau.

Son ex était un livreur de pizza qui s'était attardé un soir dans son studio d'étudiante ; et le nouveau, c'est un forgeron qui fait les chantiers de bâtisseurs dans toutes les fêtes médiévales d'Europe. Il a participé à des chantiers de restauration artistique, à des émissions d'archéologie qui sont passées à la télé... C'est un beau gosse comme on n'en fait plus, presque un cliché, avec des tatouages celtiques qui s'enroulent au long de son dos, des cheveux interminables qui ondulent dans le vent, et un beau visage qui semble tout droit sorti d'une série B.

Je ne suis pas du genre à piquer le copain de ma meilleure amie, comme vous l'aurez deviné, mais je dois reconnaître qu'il est craquant. A côté de ça, il a des amis intéressants pour certains, étranges et presque inquiétants pour d'autres ; et parmi eux, deux frères qui s'affrontent en ce moment dans l'arène devant nous, au grand soleil.

Pour le plus grand plaisir des touristes, deux cascadeurs se sont défiés en duel. Ils se battent maintenant avec de véritables épées, et Marianna et moi, on les applaudit de toutes nos forces, sans choisir un camp.

Il faut dire qu'ils sont impressionnants tous les deux, avec leurs sauts impressionnants, dignes d'un film de kung fu, et leurs arabesques du bout de leur lame étincelante. Ils ne restent pas en place, toujours engagés dans une chorégraphie étourdissante pour surprendre leur adversaire ; on dirait presque qu'ils dansent.

Je dois avouer qu'au départ, quand Marianna m'a dit qu'elle voulait fêter son anniversaire à la fête médiévale... bon, je n'ai pas été surprise ; je savais qu'elle avait envie de voir son copain, pour une fois qu'il participe à un spectacle dans la région ; mais je me disais qu'on allait s'ennuyer. On est déjà étudiantes en Histoire, alors se faire expliquer par un guide ce que c'est qu'un fou du roi ou une voûte en plein cintre... Et je me disais que les animations allaient être du genre naïves, se faire photographier la tête dans le pilori, par exemple.

Mais maintenant que j'assiste à ce combat, je ne regrette pas d'avoir passé ma robe de princesse pour la journée. Eh oui, c'est moi qui suis en princesse aujourd'hui, et mon amie en bohémienne ; c'est davantage son style, ça la met mieux en valeur, et c'est plus pratique pour ses incessants déplacements en tous sens. Moi, je reste assez statique, alors je peux m'encombrer de lourds voiles de brocard et d'un chapeau retenu sous mon menton par une guimpe, vous voyez le style : la princesse de conte de fées dans toute sa splendeur...

Elle porte une robe noire brodée de décorations rouges et dorées, un hommage à la nuit où elle brille de mille feux, rose prête à être cueillie ; et moi, un ensemble blanc et bleu ciel, à l'image de cette pureté que j'ai conservée jusqu'à ce jour. Allons, c'est presque une caricature que nous formons tous les deux, Marianna la fêtarde et Julie le petit ange...

Sans quitter des yeux les combattants, mon amie me glisse à l'oreille, alors que je me demandais, pensive, comment nous faisions pour nous entendre si bien :

"Mon copain a demandé si tu restes ce soir, pour la fête."

Oh oui, je m'en doute. Alors qu'on regardait poliment les créations de son stand, incapables d'acheter quoi que ce soit avec notre pauvre bourse d'étudiantes, il n'a pas arrêté de demander si j'avais un copain, si je voulais qu'il me présente du monde... Apparemment, les gars de l'équipe sont toujours à la recherche d'une aventure avec une touriste d'humeur coquine. Mais j'ai bien dit que ça ne m'intéressait pas.

"Tu sais, Yanna, je ne danse pas... je ne bois pas... je ne fais rien d'intéressant. Je sais chanter, c'est tout, et tu te doutes que je n'oserai pas chanter devant tout le monde, surtout si je ne connais personne. Va à la fête si tu veux, moi je rentrerai aux tentes pour garder nos affaires. Je lirai un bon livre et je dormirai, ce sera très bien."

Mon amie lève les yeux au ciel. Nous avons planté nos tentes dans la zone accessible aux visiteurs, près du campement des artisans et autres acteurs de l'événement ; et bien sûr, ce soir, ils donnent une petite fête entre eux, avant de démonter le camp demain et de se disperser à nouveau, les uns en direction des foires et des marchés, les autres reprenant une vie d'historiens comme nous, ou de comptables... certains arrivent ici par des voies très détournées.

A cet instant, l'un des combattants fait basculer l'autre, et pointe son épée sur sa gorge : c'est la victoire ! Marianna oublie sa tentative pour me convaincre, et sautille sur place en applaudissant le vainqueur, qui salue la foule triomphalement avant d'aider son adversaire à se relever.

"Bravo Sergio !"

Il retire son casque, et l'autre en fait de même. Pauvre Mariano, il a l'air complètement secoué par le coup qu'il a reçu, et qui résonne encore dans ses oreilles. Il faut dire que lui, il n'est pas cascadeur professionnel, ce n'est pas un métier pour lui, juste un hobby. Il est agent de sécurité dans une grande surface, autant dire que sa vie quotidienne est autrement plus paisible que ces événements historiques où il vient croiser le fer pour le plaisir.

Je les connais bien, moi aussi, tous les deux.

Mariano est le frère jumeau de Marianna. L'autre, c'est Sergio, également un frère de Marianna, l'aîné, un bel homme un peu âgé dont les cheveux commencent à reculer sur son front, formant un M parfait de boucles noires au sommet de son visage carré. J'ai toujours trouvé Sergio sexy, bien qu'il ait presque quinze ans de plus que nous. Il arrive sur sa quarantaine et il a une réputation de playboy bien installée.

Autant dire qu'on ne joue pas dans la même cour, lui et moi. Je fantasmais sur lui quand j'avais quinze ans et lui trente, et on dirait que, même quand il aura les cheveux gris, je resterai sensible à son physique de gladiateur romain, à sa voix profonde et à ses sourires ravageurs. C'est un peu une amourette d'enfance, de celles qu'on n'oublie pas.

Les touristes ont été fascinés par leur performance, et maintenant, ils sont surpris en constatant leur ressemblance ; Marianna s'en amuse, et moi... je suis soudain sortie de l'événement par la sensation d'un regard fixé sur ma nuque. J'espère que ce n'est pas encore le copain de Marianna qui me fixe à la dérobée. Il est bien gentil, mais j'ai ressenti de sa part un appétit charnel qui va bien au delà de son couple officiel avec mon amie. Et je ne compte pas être le casse-croûte d'un homme quasiment fiancé ; je ne la vois pas du tout comme ça, ma première fois.

Non, en me retournant, je constate qu'il ne s'agit pas de lui.

A une vingtaine de mètres plus loin, à l'écart de l'arène, et près du stand plus tranquille de l'écrivain public et son atelier de calligraphie, de grandes cages se dressent, chargées sur un chariot ; il y a là le montreur d'ours, le dresseur de faucons, et un étrange personnage tout de noir vêtu, discret comme une ombre.

Je l'ai déjà repéré plusieurs fois au cours de notre visite ; c'est un homme calme et silencieux, l'un des nombreux commerçants, artisans et autres hommes de spectacle que le site médiéval a engagés pour égayer sa petite fête. Lui, c'est le montreur de loups. Ses animaux vont jouer un rôle sinistre au cours du grand spectacle de ce soir ; presque sans rien faire, car il n'est pas facile de les dresser, si j'ai bien compris ; mais leur seule présence va donner à la représentation un côté inquiétant et terriblement réel. Bienvenue au moyen âge, où le grand méchant loup hantait les rues...

Il a un regard étrange, cet homme. Je distingue à peine son visage sous son épaisse coiffe de fourrure noire ; mais je sens qu'il m'observe, et avec une intensité qui me prend à la gorge. Il ne m'a pas adressé un seul mot depuis que je suis là, mais son intérêt me pèse comme s'il me suivait partout en essayant de me draguer...

Intimidée, je me rapproche de Marianna, qui aide ses frères à retirer leur équipement tandis que deux autres lutteurs prennent place dans le cercle de sable, brandissant leurs blasons et déroulant leurs titres de noblesse.

Sergio et Mariano ont bien transpiré sous leurs casques ; ils offrent leurs bras et leurs jambes pour qu'on les aide à délacer leurs pièces d'armures, comme deux jolis petits écuyers pleins de prévenance et de mots gentils. Je les connais bien tous les deux ; j'étais amie avec Marianna bien avant qu'on se retrouve dans la même fac, et ce n'est pas le premier anniversaire que je fête avec elle ; autrefois, c'était chez ses parents, en compagnie de Mariano, noyé dans une foule de filles invitées en même temps que moi.

Sergio faisait parfois un passage pour nous saluer, puis battait en retraite, abandonnant le jumeau à son sort. Je me rappelle encore des prétextes que Mariano inventait pour tenter de le retenir par tous les moyens ; et je l'aidais, car moi aussi, j'aurais voulu qu'il reste... quoique pas pour les mêmes raisons.

S'est-il rendu compte de quelque chose parfois ? Et si c'est le cas, qu'en a-t-il pensé ? Je crois qu'il m'a toujours vue comme une petite fille. Peut-être une sœur supplémentaire, à force de m'associer dans son esprit aux fêtes de Marianna. C'est frustrant... Mais je ne sais pas comment sortir de cette situation bloquée, et au fond, c'est pratique comme ça : je peux les suivre, sous la tente où les cascadeurs se changent entre deux numéros, sans aucune ambiguïté.

Marianna ne se rend pas compte à quel point ses frères sont sexy, alors qu'ils se déshabillent totalement et se nettoient sommairement, trempant dans un baquet d'eau un gant de toilette dont ils frictionnent leurs corps marbrés de bleus. Il faut déjà qu'ils se rhabillent pour aller figurer comme archers mercenaires dans l'attaque du château, à l'autre bout du site. Ils rient et plaisantent, heureux de toute cette activité, comme deux forces de la nature qu'ils sont. Je les dévore du regard, leurs corps sublimes qui vibrent d'impatience, leurs sexes magnifiquement formés où mes yeux s'attardent, essayant de les imaginer dans leur état d'érection...

Je me détourne en rougissant, et je réponds à côté quand Marianna me demande, pour la centième fois, si je veux venir à la fête ce soir.

Tout à coup, je me décide. Oui, je veux y aller. Je ne supporte plus cette place qui est la mienne dans le groupe. Il faut que j'affirme un peu mes désirs, pour une fois ; et cette fête loin de notre fac, loin de nos camarades de classe et de nos professeurs, est une bonne occasion pour m'y risquer. On me regarde comme une plante verte posée dans un coin de la pièce, et je veux que ça change : ce soir, la princesse est de sortie.

"C'est bon, d'accord, je viendrai à ta fête."

Sergio s'approche de moi, torse nu dans son pantalon de cuir.

"Sérieux ? C'est une fête entre adultes, tu sais."

"Arrête, Gio," proteste Marianna,"tu vas lui faire peur et elle va changer d'avis !"

"Non," sourit-il en s'approchant pour me surplomber de sa haute taille, "je ne pense pas. Au contraire, je crois que sa décision est prise."

Il m'englobe dans son ombre chaude, dans cette odeur mâle qui me donne envie de me lover entre ses bras, et je le dévisage en frissonnant. Il est trop beau pour ce monde... et je n'arrive pas à croire qu'il n'a jamais trouvé une femme avec qui partager sa vie.

Enfin ! Je lui souris, le plus innocemment possible – il faut que je perde cette habitude, vraiment – et je répète avec conviction : "Je viendrai. On verra bien ce qui se passera le moment venu, au pire qu'est-ce que je risque ? Qu'on m'invite à danser ? Je m'en remettrai."

Sergio se détourne et va passer son pourpoint.

"Oui, tu risques qu'on t'invite à danser," déclare-t-il d'une voix équivoque. On dirait qu'il essaie de me faire comprendre quelque chose... J'avale ma salive. Non, je dois rêver.

On mange sur le stand de grillades, on essaie l'atelier poterie, on fait réaliser notre portrait en enluminures... l'après midi passe très vite. Finalement, je dois dire que je m'amuse bien. Ça me fait du bien de sortir un peu de ma chambre, de prendre le soleil et de voir des gens s'amuser, plutôt que de fréquenter exclusivement la faune stressée et surbookée de la bibliothèque universitaire. Et Marianna s'amuse comme une petite folle, elle aussi. A la moindre occasion, elle va passer du temps à l'atelier de forge, mais je commence à m'habituer à son copain... maintenant que c'est dit : je ne vais pas passer la soirée près de lui, je vais la passer près de Sergio...

Le soir venu, a lieu le spectacle de clôture du festival, celui auquel participent les loups ; c'est bien simple, tout le monde a un petit rôle.

Je regarde avec plaisir, jusqu'au moment où le meneur de loups apparaît sur le terrain. Il s'avance sous les étendards, au milieu de la foule des figurants qui jouent la terreur ; il marche à grands pas, comme s'il était poussé par le vent d'hiver ; je le regarde avec terreur, sans avoir besoin de faire semblant, tandis que Marianna admire les loups qui le suivent en silence, langue pendante, leurs yeux dorés regardant la foule comme si ils cherchaient une proie.

Je ne sais pas ce qu'elle leur trouve. Ils sont beaux, d'accord, mais ils sont surtout énormes, en liberté et dangereux. Je me frotte le bras machinalement, comme quand je dois monter sur l'estrade en cours et que je suis stressée. Je ressens une sorte d'électricité dans l'air... Et ça y est, en paradant devant les rangs des spectateurs, l'homme passe devant nous et me fixe. C'était juste un instant mais j'ai l'impression qu'il m'a marquée au fer rouge.

J'espère qu'il ne sera pas là à la fête ce soir. Il n'a pas l'air du genre à danser ou à pousser la chansonnette, lui non plus ; on a au moins ça en commun ; mais je le vois très bien rester adossé à un arbre avec sa bouteille, hors de la clarté du feu, un de ses loups auprès de lui, et observer les fêtards en attendant qu'un d'eux s'aventure dans l'ombre... J'en ai des frissons rien que d'y penser ; c'est dit, ce soir, je reste collée avec mon amie et ses frères, et je ne me laisse approcher par personne d'autre !

Le soleil se couche, et les visiteurs s'en vont ; nous, on est des VIP, invités par des membres de l'équipe, donc on a le droit de rester. Nos petites tentes nous attendent, bien sages et proprettes côte à côte si nous avons envie de nous reposer, mais pour le moment, nous nous approchons du grand feu où les restes des stands sont grillés dans un parfum irrésistible, pour la consommation des artistes ; j'oublie mes soucis, j'ai l'eau à la bouche.

Je m'assois entre Sergio et Mariano, et aussitôt, les jeux à boire commencent. J'essaie de participer pour me mêler un peu à l'ambiance. J'ai tellement envie de les impressionner, Sergio surtout ! Mais très vite, je ne me sens pas bien. Ce n'est pas juste la timidité et le manque d'habitude, c'est leur hypocras qui me monte à la tête.

J'en profite pour m'appuyer contre Sergio, l'air de rien ; et il me laisse faire, il est assez protecteur avec moi ce soir. Je me sens dodeliner de la tête et je m'appuie contre son épaule musclée, en profitant du contact agréable du cuir qui couvre son torse, une tunique de combat que je trouve aussi cool que les blousons des motards. Mariano est un peu dans le même état que moi ; il s'est donné à fond toute la journée, il a fait du cheval... il est un peu stone et se balance avec la musique, un sourire niais sur son visage charmant.

J'ai toujours trouvé Mariano adorable, mais il ressemble trop à sa sœur jumelle pour que je sois vraiment attirée par lui. Sergio, par contre... Quand je lui dis à mi voix que j'ai trop bu et que je vais prendre une douche fraîche, il a tout de suite l'air de s'inquiéter, et en le voyant se relever doucement pour me soutenir, je me sens perdre la tête. Dès qu'il fait quelque chose avec moi, j'ai l'impression de devenir folle de joie.

C'est l'alcool, c'est ce que je me dis, mais en même temps... alors qu'il me conduit au baraquement où les cascadeurs prennent leurs douches, dans des cabines alignées qui ne sont fermées que par des rideaux, je ressens l'excitation qui monte ; j'ai envie qu'il me voie nue, même par accident, même quelques secondes... et si il pouvait me toucher...

C'est ça : j'ai envie de le tenter. Je me glisse sous l'eau sans cesser de lui parler, de peur qu'il retourne au feu de camp. Il me répond d'un ton absent, l'esprit ailleurs. Est-ce qu'il est excité lui aussi ? Est-ce qu'il a envie de moi ?

Toute fébrile, je me douche rapidement, essayant de reprendre un peu de ma lucidité. Si je saute le pas avec lui, je veux le faire en pleine possession de mes moyens. Pas question que je sois à moitié malade et que j'aie envie de vomir chaque fois qu'il me secoue un peu... oh là là, rien que d'y penser, je me sens toute chaude. Quelque chose remue dans mon ventre, comme une aiguille qui me tourmente de petites décharges électriques.

Qu'est-ce qui m'arrive aujourd'hui ?...

J'écarte soudain le rideau, et Sergio me fait face. Il a rouvert son habit qui dévoile son torse puissant, et il y a quelque chose dans ses yeux qui me dit tout ce que j'ai besoin de savoir. Il est attiré par moi, autant que moi par lui.

Je le regarde, et je sens chacune des gouttes qui roulent au long de mon corps. C'est affolant. Je sens chacune de ces perles qui frôlent mon épiderme en chutant, les unes après les autres, comme mon innocence est en train de chuter à grande vitesse. J'ai les yeux écarquillés quand il se déshabille très lentement, en me couvant de son regard doré et prédateur. Il s'approche et je recule d'un pas ; il me suit alors que je rentre dans la cabine. Je tire le rideau devant nous. Il ne faut surtout pas qu'on nous voie, quoique... je ne suis pas sûre que ce qu'on fait soit interdit.

C'est quand même un endroit public.

Soudain, Sergio m'attrape. Il resserre ses doigts sur mes bras et je me sens entraînée par une force à laquelle je ne peux plus résister, une force qui court aussi dans mes veines et qui trouble mes sens. Je suis debout face à un homme nu, pour la première fois de ma vie. Il est beau et musclé, tanné par le soleil, marqué des cicatrices de ses combats passés. C'est un homme dont je rêve timidement depuis mon adolescence, et je n'avais jamais imaginé qu'un jour je pourrais le toucher du doigt ; et le voilà qui dévore mes seins des yeux, comme si j'étais un bout de viande. Je recule encore et je me serre contre la cloison ; il avance son visage, je ne peux plus lui échapper.

Quelque chose dans mon ventre frissonne et palpite comme un petit oiseau affolé, qui essaie de s'envoler de sa cage. J'ai envie de tomber dans les pommes, ça résoudrait la question de ma conduite à tenir. Mais non, je reste lucide et il faut que je bouge, que je fasse quelque chose... ou que je me laisse faire.

Sergio a l'air de savoir très bien ce qu'il veut, et ses grandes mains rugueuses ont tôt fait de me retourner, pour me plaquer dos à lui.

Il me caresse les seins, et alors qu'il pince mes tétons pour jouer avec, je sens une décharge électrique qui traverse mon corps ; mes cuisses se resserrent, caressées par son lourd membre tendu qui frotte contre moi lascivement. Un petit gémissement m'échappe. Je ne savais même pas que j'étais capable de produire un bruit aussi... avide.

"Tu viens de jouir ?" dit-il en riant. Sa main droite descend au long de mon ventre et s'enfonce entre mes jambes, pour écarter du majeur les replis de mon sexe. "Mmmh... oui ! Tellement mouillée et chaude ! On va passer un bon moment... J'adore les filles aussi sensibles..."

"Je suis vierge," dis-je d'une voix éperdue, comme un avertissement, ou une correction du terme qu'il emploie, je ne sais pas. En fait, ça ne me dérange pas qu'il me considère comme une fille sensible, c'est ce que je suis.

"Bien sûr que tu es vierge," murmure-t-il d'une voix rauque, qui pousse un souffle chaud au long de mon cou. J'en frémis, comme si j'avais senti ses canines rayer ma peau.

Son doigt caresse toujours mon entrée, et y introduit son bout malicieux, pour chatouiller un endroit magique. Je me cambre en arrière contre lui, je me tortille, je ne sais plus quoi faire de mon corps : il me donne le vertige ! Je respire par petits cris ténus, heureusement qu'il n'y a personne d'autre dans les douches... Ou alors, s'il y a quelqu'un, cette personne choisit de ne pas se faire remarquer et de nous laisser bien tranquilles...

"Je vais te baiser," sourit Sergio. "Penche toi en avant."

Je lui obéis sans réfléchir, de toute façon j'ai besoin de m'accrocher à l'appui du mur ; mes jambes tremblent, j'ai l'impression que je vais tomber à terre.

Son sexe se redresse en pointant un nez recourbé entre mes cuisses, cherchant l'entrée de mon corps. Il est tellement massif, j'ai peur qu'il n'arrive pas à se frayer un chemin dans mon petit trou qui n'a jamais été visité.

Mais c'était compter sans son coup de reins puissant. Je le sens entrer en moi, très lentement. Tout mon corps a l'air de se déchirer. Je me mords la lèvre en fermant les yeux de toutes mes forces, et je le sens souffle un soupir chaud. Lui, il ne ressent que du plaisir. Moi... je ne sais pas comment appeler cette sensation.

Ce n'est pas du plaisir, mais ce n'est pas désagréable non plus, c'est exaltant. Je me laisse aller dans ses bras et je suis complètement obnubilée par la sensation incroyable de ce bélier qui traverse mes portes, d'avant en arrière, de plus en plus vite.

Est-ce que je vais être détruite ? Je n'ai même pas envie d'échapper à mon sort. Je suis trop excitée pour lui dire d'arrêter. Je l'admire, je lui plais, il me baise, je n'en reviens pas. C'est un homme magnifique et un étalon impressionnant, et ma première fois, je la vis avec lui.

Une sorte d'éblouissement s'empare de moi. Soudain, il me serre contre lui, nos bassins semblent fusionner et ses mouvements en moi s'accélèrent. Il geint et gronde contre ma nuque, la saisit soudain entre ses dents. J'ai l'impression qu'il vient de se changer en fauve pour me dévorer. Je me cambre, je m'empale plus profondément contre lui, et soudain, j'ai l'impression qu'il explose dans un jet brûlant. Il me remplit de son sperme chaud, et je tremble toute entière, éperdue de sensations affolantes qui me dépassent.

Je ne suis plus qu'une femelle en rut au fond d'une jungle. Mes petits cris sont des appels sauvages. J'ai envie qu'il continue... mais mon corps ne peut plus en ressentir davantage. Je ferme les yeux et je le sens m'enlacer et me soutenir. Il me porte, tandis qu'il me lave, et sa main semble parcourir tout mon corps sans effort, comme si je ne pesais rien entre ses bras.

J'ai un moment d'inconscience, je plane. Je sens encore son sexe entre mes replis palpitants. Il m'a tellement labourée que je dois porter les sillons de son passage, jusque dans les profondeurs de mon ventre. Je suis marquée à jamais par cet homme incroyable... il restera toujours celui qui m'a prise pour la première fois. Même si il ne se passe plus rien entre nous, on restera liés par ce secret, et on y repensera chaque fois qu'on se verra.

J'ai l'impression d'avoir désormais un pouvoir magique.

Toute étourdie, je me laisse ramener à ma tente, où il me déshabille et me couche sur mon sac de couchage ; alentour, tout est silencieux, personne n'est encore rentré de la fête. Tant mieux, je n'aurais pas été capable d'inventer une explication décente. Je retiens le poignet de Sergio :

"Reste avec moi... reste dormir un peu, tu veux bien ?"

"Je reviens," dit-il avec un sourire.

"J'ai encore envie de toi..."

Je me mordille la lèvre en le regardant s'éloigner, et je l'entends prendre une grande inspiration et rajuster son pantalon ; son sexe a réagi solidement à ma petite provocation. C'est vrai, j'ai envie qu'il me touche encore, et moi aussi j'ai envie de le toucher. Ma fente pulse d'impatience et je m'explore des deux mains, dès qu'il est parti à voix basse. Qu'il revienne ou non, je suis trop impatiente. Je me redécouvre, suis-je différente ? L'intérieur de mes replis est trempé et chaud. Je me doigte prudemment, craignant de me faire mal.

Hmmm ! C'est trop bon. Mes caresses sur cette chair sensible m'arrachent vite de petits gémissements animaux, alors que mon corps se tord sur le matelas de camping, cherchant plus de stimulation, plus de contact. C'est insoutenable, c'est lui que je cherche, Sergio. Je le veux encore, il faut qu'il revienne...

Il ne m'aurait pas plantée là après avoir tiré son coup, tout de même ? Non, je devine qu'il a besoin de plus d'un rapport pour se satisfaire... mais il est peut-être en train de se branler dans sa tente lui aussi, avec un sourire satisfait sur le visage.

Ce serait tellement humiliant, si ça se terminait comme ça, en queue de poisson.

Enfin, il revient. Je suis bouillante, je n'en peux plus. Je ne sais pas ce que je vais en faire, mais cette excitation terrible me monte aux lèvres et me donne envie de gémir dès qu'il me touche ; j'en déborde, et le moindre frôlement sur ma cheville me fait sursauter. Mais après qu'il soit entré dans la tente, voilà une deuxième silhouette qui apparaît à l'entrée.

"C'est Mariano," sourit Sergio en s'étendant contre mon corps nu. "Tu es toujours toute chaude, comme je le pensais... tu veux qu'on te tienne compagnie à deux ?"

Je hoche la tête, sans réfléchir. Oui ! Je les veux tous les deux ! Ce sera unique, incroyable... Sergio fait signe à son jeune frère d'entrer dans la tente et je les vois ouvrir leurs braguettes en même temps. Une minute. Je ne sais pas comment je vais m'occuper d'eux, moi. Deux hommes à la fois ! Je ne suis pas une professionnelle !

"Tu veux bien me branler ?" demande Mariano.

Sergio attire ma tête sur sa queue encore toute luisante de mes sucs. "Et moi... suce moi."

"D'accord," dis-je en essayant de coordonner mes mouvements. Mais bientôt, c'est Mariano qui remue les hanches et maintient ma main pour la baiser comme si c'était un jouet sexuel. Et Sergio me tient la tête pour en faire de même, en baisant ma bouche...

C'est trop excitant et je n'arrive plus à réfléchir, ou à bouger correctement. Mon corps se débat, j'ai envie de ressentir du plaisir, mais j'ai aussi envie de leur en donner, et d'admirer les superbes réactions de leurs corps de rêves, de les entendre gémir doucement alors qu'ils enfoncent leurs érections dans ma chair... C'est déjà un fantasme en soi.

Soudain, Sergio murmure : "En silence. Il y a du monde dehors."

Leurs mouvements s'immobilisent, tandis qu'on entend deux personnes s'approcher en bavardant de la tente voisine, et y entrer ensemble. Je reconnais la voix de ma copine Marianna, et de son petit ami le forgeron aux cheveux longs...

Bientôt, ils commencent à leur tour à émettre de petits bruissements de tissu, des gémissements d'un érotisme insoutenable, et rapidement, les claquements de leurs deux corps qui se plaquent l'un contre l'autre en rythme.

Je sens les bites des deux frères qui grossissent de désir, dans ma bouche et dans ma main. Je reprends mes va et vient, un peu plus en contrôle à présent. J'entends Sergio qui murmure, dans l'ombre obscure au dessus de moi : "On va faire ça en silence. Faut pas que la sœur nous trouve là. Elle rigolerait trop, elle nous laisserait pas finir."

Je réalise moi aussi que je n'ai aucune envie qu'elle le sache... En fait, il vaudrait peut-être mieux qu'ils partent, maintenant. Je les lâche, mais à ce moment, ils se couchent contre moi, devant et derrière moi, en me prenant en sandwich entre eux. Leurs sexes durs se frottent lascivement contre ma peau, avec une insistance tentatrice, comme si ils cherchaient des trous où se fourrer. Je suis étendue sur le côté, et ils s'enfoncent tous deux entre mes cuisses serrées pour se frotter, sur une cadence sauvage qui me met l'eau à la bouche.

"Elle est trop bonne," murmure Mariano derrière mon oreille.

"Chut !" réplique aussitôt Sergio, en m'empoignant solidement. "Et bâillonne la avec ta main !"

"Oui chef," sourit Mariano, en déposant un baiser sur mon épaule.

Sa main remonte sur ma figure et éteint mon souffle à même mes lèvres, j'arrive à peine à respirer par le nez. Et alors que je me demande ce qu'ils préparent, Mariano remonte alors l'une de mes jambes pour hausser ses hanches contre moi, présenter son énorme sexe à mon entrée, et commence à me pénétrer lentement.

J'ai l'impression de fondre entre leurs bras, tellement la température dans la tente devient torride tout à coup. Sergio me saute avec une conviction furieuse, puis laisse la place à la bite de son frère qui bande contre moi, attendant de pouvoir rentrer.

Je me laisse aller entre eux, comme une poupée de chiffons, offerte à leurs assauts de plus en plus délicieux au fur et à mesure que mon corps se détend : j'ai l'impression que je m'ouvre à eux, et j'adore ce moment d'impatience et de frustration quand ils ne sont pas en moi, le temps que le suivant prenne la place de celui qui vient de se retirer.

Ils me possèdent chacun à son tour pendant quelques minutes, puis tout à coup, je sens qu'ils forcent pour rentrer les deux en même temps. Non ! Ce n'est pas possible ! Mon corps ne va pas pouvoir endurer ça, je suis encore novice ! Et même pour quelqu'un qui a de l'expérience, je suis sûre que ce n'est pas une pratique courante.

Mais ils insistent, et soudain, dans cette même sensation de déchirure que j'ai déjà éprouvée dans la douche, ils entrent tous les deux. Les voilà fourrés en moi, bien profond. Ils se collent et se pressent pour arriver à se mouvoir malgré le peu d'espace. Je dois leur paraître tellement étroite... Ils ont du mal à retenir leurs grondements de plaisir.

Moi, j'ai l'impression d'être la proie de deux fauves qui se déchaînent sur mon corps. Je crie contre la main de Mariano ; dans la tente voisine, heureusement, des cris étouffés résonnent aussi, alors que mon amie et son amoureux approchent du point de non retour, incapables de se contenir eux aussi. Ils ne semblent pas se rendre compte de ce qui se passe dans ma tente. Alors je me laisse aller, et je jouis dans un spasme tremblant, prise entre les deux corps athlétiques qui redoublent de sauvagerie.

Ils me pilonnent comme s'ils essayaient de me broyer, et chaque mouvement entre les parois de mon sexe fait remonter des courants électriques au long de mon échine. Je n'en peux plus. Soudain, je sens Mariano se tendre contre mon dos, enfouir le visage contre mon cou et haleter d'une voix rauque : "Oh bon Dieu ! C'est trop bon !"

Il est en train d'éjaculer. Il se retire brusquement et se branle d'une main rapide, en pressant le bout de son sexe contre la peau tendre de mes fesses. Le sperme jaillit encore et encore, chaud et fluide, remontant au long de mes reins. Il retient son souffle, mais il rugit sourdement malgré lui. Sergio, qui peut se mouvoir aussi rapidement qu'il le veut maintenant, le repousse et me grimpe dessus en me plaquant sur le sac de couchage. Il écrase ma poitrine sous son torse aux muscles puissants, tendus comme les pistons d'une machine...

Je le sens se déchaîner sur moi de toutes ses forces, sa queue qui bat contre les profondeurs de mon ventre comme si il cherchait à me ravager, et soudain à son tour il jouit. Il se plaque plus vite et plus fort en moi, son sperme déborde entre mes cuisses, mais il s'acharne, il continue, et finalement s'effondre sur moi, tandis que le reste s'écoule paresseusement.

Je me sens collante, écrasée, moulue, en miettes, en cendres... je suis parcourue de tant de sensations que mes nerfs ont l'air d'être à vif. Mais Mariano a raison, c'est bon ! C'est tellement bon ! Je n'en peux plus, je n'en redemanderais pas, je suis comblée, tout simplement.

L'un après l'autre, les deux hommes sortent de la tente, complètement nus, emportant leurs affaires dans leurs mains sans dire un mot et sans faire un bruit. Ils se rhabilleront plus loin, dans un endroit plus discret. Pour le moment, ils partent comme des voleurs. Mais avant ça, l'un et l'autre m'ont plaqué sur les lèvres un long et profond baiser.

J'en tremble encore, longtemps après qu'ils aient disparu. Mon corps a l'air d'avoir été déchiqueté par une meute de loups... Je repense aux cages pleines de silhouettes sombres et de regards dorés, et je frissonne en me recroquevillant, ramenant ma couette sur moi. Oh mon Dieu, qu'est-ce qui vient de se passer ?...

Une chose est sûre, j'ai perdu ma virginité pour de bon, et sans doute une bonne part de ma timidité avec elle ; mais d'un autre côté... rien d'autre n'est sûr, maintenant.

Moi qui aime tant tout prévoir, en ce moment ça m'est impossible. Tout ce que je peux faire, c'est quitter ma tente discrètement, dans ma tenue souillée, gagner les douches plongées dans l'obscurité en trébuchant à chaque pas sur le sol inégal... me laver, me rhabiller proprement, et revenir m'étendre dans la tente, en retournant mon matelas pour être couchée sur une surface qui ne soit pas imprégnée de sueur, d'odeurs et de fluides corporels...

J'ai du mal à déterminer comment je me considère moi même. Est-ce que je suis devenue une salope ? Je n'ai jamais aimé appliquer ce mot à une autre femme, alors... je me tourmente encore un peu, puis le sommeil m'emporte d'un coup. Je suis épuisée. Mon cerveau ne fonctionne plus. C'est au matin seulement, en émergeant du sommeil à la clarté du jour qui traverse le tissu de la tente, que je réalise ce que j'ai fait la veille.

J'ai longuement fait l'amour avec deux forces de la nature, qui m'ont remplie de leur sperme encore et encore, laissant mon corps broyé et mon esprit étourdi. Sergio a joui en moi deux fois et Mariano une fois. Nous n'avons utilisé aucune protection, et comme je n'ai jamais eu de relations sexuelles avec qui que ce soit, je n'avais pas du tout planifié cette aventure et je ne prends pas la pilule. C'est un premier point un peu compliqué à expliquer, si je devais parler de tout ça avec une personne raisonnable...

Deuxième point : j'ai du mal à me réconcilier avec un autre concept, celui de la parenté de mes amants avec ma meilleure amie.

Mariano est même son frère jumeau, et il lui ressemble. C'est tellement troublant. Qu'est-ce qu'elle dirait si elle le savait ? Est-ce qu'elle serait choquée ? Elle n'imagine sûrement pas qu'ils partagent parfois la même femme, en tout cas. Elle n'a pas envie d'avoir ces images mentales dans son esprit, je peux en être sûre. Personne n'a envie de visualiser les pratiques bizarres des gens de sa famille, ou de ses meilleurs amis, d'ailleurs.

Elle resterait leur sœur, mais est-ce qu'elle resterait mon amie ? Rien ne l'y oblige, et elle serait sûrement mal à l'aise auprès de moi, désormais. Non, je ne veux pas qu'elle le sache. Je ne veux pas qu'elle me voie sous cet angle. Je n'aimais pas ma réputation de prude coincée, mais je ne veux pas l'échanger contre une réputation pire encore.

Je ne contrôle rien, voilà la vérité. La seule chose que je puisse faire, c'est réduire les dommages possibles. Et pour ça, je me dirige vers la tente des cascadeurs. Les deux frères sont en train de boire un café près du feu de camp, torse nu et toujours aussi beaux ; ils m'accueillent avec un sourire radieux. Je me hâte, avant que quelqu'un d'autre ait l'idée de venir nous saluer, de leur glisser à voix basse :

"Ne dites à personne ce qui s'est passé cette nuit, d'accord ?"

Ils se regardent, rient un peu, puis Sergio hoche la tête.

"D'accord, c'est promis. A partir de maintenant, bouche cousue. Et toi aussi ?"

Je hoche la tête vivement.

"Je ne veux pas qu'on pense du mal de moi. Je ne suis pas prête."

Mariano hausse les sourcils l'air de dire : tu avais l'air sacrément prête, cette nuit, pourtant. Mais je n'ai pas envie de plaisanter avec lui. Ce n'est pas un homme de l'âge de Sergio, c'est un petit rigolo comme sa sœur, et j'ai peur qu'il ne prenne pas ma requête au sérieux.

"Si Marianna l'apprend, elle va le répéter à toute la classe. Vous savez comme elle peut être bavarde," dis-je en surveillant qu'elle ne soit pas dans les environs. Mais non, il n'y a que quelques autres hommes, le meneur de loups qui nourrit ses bêtes dans leur cage, le forgeron qui réunit ses outils devant la forge...

"C'est promis," assure Mariano. "Elle n'en saura rien."

Je suis rassurée par leurs promesses mais il y a quelque chose qui me chiffonne, je ne saurais pas dire quoi ; peut-être simplement la facilité avec laquelle ils se rallient à mes craintes, eux qui ne les partagent pas. Un homme qui a couché sans lendemain, sa réputation n'en souffre pas. Une femme, tout de suite c'est le drame.

Peut-être qu'ils sont simplement attachés à moi et veulent m'éviter des problèmes, ou peut-être qu'ils ont juste envie d'éviter de longs débats avec leur sœur, qui après tout, est la plus grande gueule de toute la fratrie.

Peu importe. Tant qu'ils gardent leur bouche close, tout me va.

Je me rends à la fontaine pour boire un peu, soulagée de ce bref échange ; puis je la cherche des yeux, elle a dû passer une nuit mouvementée elle aussi, et je suppose qu'elle dort encore à poings fermés. Je me dirige vers le forgeron pour lui demander si il l'a vue. Il me sourit étrangement en me voyant approcher.

Toujours aussi canon avec sa silhouette de surfeur, ses cheveux qui cascadent au long de son dos tatoué de motifs celtiques, et son visage de jeune premier.

Elle a tiré le gros lot... c'est ce que je me dis, jusqu'au moment où il m'empoigne par la nuque et me plaque un baiser sur les lèvres. J'écarquille les yeux, incapable de réagir ; sa grande main se referme sur un de mes seins et je ressens cette même aiguille de désir qui me transperce le ventre, réclamant que je me livre aux démons de la luxure.

Je résiste, et je lui donne une grande gifle, sans réfléchir. Il recule avec un rire en se tenant la joue, peu impressionné, en ricanant : "Paraît que cette nuit, tu n'étais pas aussi farouche !"

Je deviens toute pâle.

Les deux cascadeurs n'ont pas parlé de notre aventure à leur sœur, et ils ne le feront pas maintenant qu'ils ont promis... mais pour leur groupe de copains, c'est trop tard.

De pâle, je sens le rouge me monter aux joues et je me détourne pour partir à grands pas. C'est fini, ma réputation est lancée, et je ne pourrai plus rien faire pour l'arrêter ; c'est comme un train sans conducteur qui file droit devant lui...

Le pire, c'est que j'ai senti l'envie renaître. Si je n'avais pas eu toutes ces raisons de m'indigner, je me serais peut-être laissée aller à goûter au plaisir en sa compagnie. Si j'avais pu être sûre qu'il n'y aura pas de conséquences. Je ne me reconnais pas ! Qu'est-ce que je suis devenue, vraiment ? Sur le chemin du retour, dans la voiture, tandis que Marianna bâille à s'en décrocher la mâchoire, je serre mes doigts sur le cuir du volant et je fixe la route devant moi.

"Tu as encore la gueule de bois," sourit mon amie, amusée de mon mutisme borné. "Si tu sens que le véhicule t'échappe, gare toi sur la bande d'arrêt d'urgence. Ça ne vaut pas le coup d'avoir un accident pour quelques cornes d'hydromel."

"Hypocras," dis-je d'une voix éteinte.

Elle rit, d'un rire innocent. Elle ne se doute pas de ce qui m'arrive. Mais mieux vaut qu'elle s'imagine que je suis sous le coup d'une cuite un peu trop sévère. Il faut avouer qu'on s'est bien amusées, toutes les deux... Mais clairement, l'histoire de mon dépucelage a circulé dans toute l'équipe, et maintenant, ma priorité sera de les éviter. A chaque nouvelle occasion d'assister à une fête médiévale, ou tout autre événement auquel leur guilde participerait, un concert de folk, je ne sais pas... il faudra que je trouve une excuse pour me défiler.

C'est Marianna qui va se demander pourquoi tout le monde réclame des nouvelles de sa copine coincée. Elle va juste se dire que je leur ai tapé dans l'œil... Mon Dieu, pourvu qu'elle ne devine pas que ses frères ont du désir pour moi. Ce serait presque aussi étrange que de savoir que nous avons donné à ce désir une forme concrète...

Est-ce qu'elle aimerait m'avoir comme belle sœur ?

Il faut que je chasse cette question idiote de mon cerveau. Même si j'en épouse un, ce sera encore pire, on saura toujours que j'ai goûté à la chair de l'autre et que j'ai adoré ça. Même si on a des enfants ensemble, la question se posera toujours : les enfants de qui ?... Non, il faut que je les fuie, et puis de toute façon, c'était juste un coup d'un soir. On n'épouse pas une femme avec qui on a eu un coup d'un soir.

Moi-même, je les apprécie comme amis, et je les ai dégustés avec délectation comme amants. Mais ce n'est pas suffisant pour tomber amoureuse... Et honnêtement, le choix serait difficile, si on me le donnait.

Allons, c'est dit, je reprends le cours de ma vie, et je ne pense plus à tout ça. Je vais déjà voir si une partie de ma timidité s'est envolée, dans mes relations avec les autres élèves de la fac. Et puis, c'est bientôt Noël, une fête consacrée sous le signe des enfants, de l'innocence et de la cuisine ; on fêtera ça beaucoup plus calmement.

Avec le temps, je constate que j'ai changé, en effet. Ce pouvoir que j'ai désormais vis à vis de Sergio, cette idée que je peux séduire et réduire un homme à ma merci, presque sans avoir à lui parler, quand j'ai envie de sentir son membre entre mes cuisses. C'est étrange à dire, mais ça me donne de l'assurance en public. Et d'un autre côté, j'ai peur parfois d'utiliser ce pouvoir sans m'en rendre compte.

Mais finalement, tout se passe bien. Tout est normal... Je suis plus à l'aise, plus au calme, j'ai eu de bonnes notes récemment, je n'ai pas de soucis à me faire. Je me sens bien, en bonne santé, je rayonne dans les lumières de Noël.

Dès qu'on a un peu de temps, je vais au marché de Noël avec Marianna, mais je me tiens éloignée du vin chaud ; je ne suis pas fâchée de pouvoir prétendre que mon humeur étrange à la fête médiévale était due à l'alcool, et que je m'en tiens loin à cause de ça. Mon amie ne s'est jamais posé de questions, apparemment ; et on dirait que ses frères ont su tenir leur langue.

Je peux au moins compter sur eux pour ça.

Et pour... d'autres expériences, bien sûr, si j'en ai envie un jour. Je me doute que je pourrais compter sur eux aussi pour ça. C'est une situation vraiment étrange... Je pense à eux, en me demandant si on va croiser Mariano au marché, comme il vit dans la même ville que nous ; Sergio, lui, est reparti sur le tournage d'un film à Prague. Il paraît que tous les films historiques sont tournés là-bas, parce que l'architecture a été si bien préservée et donne une telle ambiance.

Je m'approche d'un stand qui présente de petits animaux de verre filé, en admiration ; je ne suis pas très proche des animaux en général, mais les petites licornes sont vraiment adorables. A côté, j'aperçois un loup qui hurle à la lune, et je frissonne un peu malgré moi...

A cet instant, j'entends un murmure à mon oreille.

"Comme on se retrouve, Julie..."

Je me tends toute entière. J'ai l'impression qu'une main glacée vient de se refermer sur mon âme, et je cherche des yeux autour de moi : c'est lui, le meneur de loups de la fête médiévale. Il est habillé en berger, ici, et il mène deux grands loups muselés et attachés par des chaînes, qui suivent les enfants du regard en salivant, le poil hérissé.

Je frissonne et je me rapproche de Marianna, qui mange un sandwich au stand voisin.

"Tu as vu ?"

"Non, quoi ?"

Je cherche des yeux la sinistre apparition, mais l'homme a disparu. J'ai dû rêver... Ce genre de choses n'arrive pas. Je pointe du doigt au hasard un acrobate déguisé en diable qui se balance sur des échasses. Je ne veux pas que mon amie me prenne pour une folle. Elle commente vaguement en essuyant sa sauce sur son menton, et je cherche des yeux autour de nous dans la foule, mais rien... et le reste de la visite se passe sans alerte, jusqu'au moment où Marianna me quitte une minute pour passer aux toilettes.

Je reste seule, face à un stand de lampes et de bougies. Derrière moi, une grande estrade couverte de tentures rougeoyantes supporte les automates du père Noël et de ses rennes, animés et environnés d'une musique entêtante. Je ressens un léger vertige, trop de parfums, trop de chansons, trop de sucre, tout a l'air léger et me donne l'envie d'être gâtée...

Alors que je m'adosse à l'estrade, une main surgit du drap et me happe le bras, pour m'entraîner en arrière ; je disparais à mon tour sous l'abri obscur, hors des regards de la foule. Mon cœur bat la chamade ; je me retrouve face à face avec le meneur de loup. Je réalise soudain que je ne l'ai jamais vu sourire. Enfin, en ce moment, c'est le cadet de mes soucis.

"Qu'est-ce que vous voulez ?"

"Toi," gronde-t-il en me dévorant des yeux, cherchant à ouvrir mon manteau pour plaquer ses mains sur mon corps.

Je ressens comme un choc électrique et j'essaie de bondir en arrière, mais en même temps, je sens l'excitation qui monte d'un coup. C'est un bel homme puissant et inconnu, on est dans un endroit public mais on ne risque pas d'être surpris... c'est une situation torride et j'ai l'impression de fondre sur pied. Je ferme les yeux, essayant de ne pas défaillir.

"Mais on ne se connaît même pas !"

"Et alors ? Je te veux et tu me veux aussi, non ? J'ai vu comment tu me regarde."

"Je vous regarde comme ça parce que vous me faites peur," dis-je en me débattant.

"Et pourquoi je te fais peur ?"

Je ne m'étais pas posé la question. Mais maintenant qu'il le dit, l'évidence me saute aux yeux ; il me fait peur parce qu'il m'excite, depuis le début. Son charisme sauvage fait défiler des scénarios de sexe débridé dans mon esprit frustré. Tout ça se passe au fond de mon inconscient, sans que je m'en rende compte ; mais à la façon dont mon cœur cogne dans ma poitrine en ce moment, je sais que ce n'est pas juste de la peur... c'est la peur de tout ce que je pourrais faire si je me laissais aller avec lui. Je sens mes seins qui pointent sous mon pull, et une humidité brûlante et familière qui se manifeste entre mes cuisses...

Mais lui ? Comment il l'a su ?

"Je pourrais appeler ma copine au secours," dis-je en me mordillant la lèvre, adossée à une poutre, tout en sachant déjà que je ne vais pas m'enfuir.

Il riposte d'un ton ironique, en imitant le ton de ma voix :

"Je pourrais tout raconter à ta copine."

Ah ça non ! Je me jette sur lui pour l'embrasser, et à mon tour, je commence à fourrager sous son vêtement. J'ai envie d'empoigner son sexe et de le masturber. Je n'ai pas eu l'occasion de palper mes partenaires autant que j'en avais envie, lors de ma sauvage première fois. Je n'ai pas satisfait toute ma curiosité...

Au fond, je ne veux pas qu'on parle de mon comportement, parce que ça me plaît de le faire comme ça en secret, presque comme si je faisais quelque chose d'interdit. Ça ajoute du piment. Je crois que je suis en train de développer un goût pour les rapports cachés...

Nos pantalons ont tôt fait d'être détachés et nos mains y plongent pour palper nos sexes ; il enfonce ses doigts en moi sans attendre et j'astique sa tige déjà dure, deux sensations qui lui font pousser un grondement de désir si rauque que je crains qu'on l'entende, depuis l'extérieur. C'est un son si érotique que personne ne pourra se tromper sur ce qui se passe sous cette estrade... Mais il y a tellement de bruit dehors que personne ne se doute de rien.

Je m'appuie contre l'homme en m'agrippant à son épaule, mon corps occupé à tanguer d'avant en arrière pour me frotter contre sa main. Je réalise tout à coup que je ne connais pas son nom ; lui, bien sûr, il connaît mon prénom, et si il se permet de m'aborder ainsi, c'est parce que les cascadeurs à la fête médiévale lui ont parlé de ma nuit de folie...

Il doit croire que je suis une adepte de BDSM. Et je le suis peut être, je n'en ai encore aucune idée, c'est tout... En tout cas, il me rend folle et je sens que je suis en train de tremper mon pantalon sous les pénétrations frénétiques de sa main. Heureusement que je porte un long manteau qui couvre mes jambes, sinon, j'aurais du mal à rentrer chez moi discrètement...

Ma main devient fébrile et tremblante sur son sexe gonflé. Il est plus massif que ceux des cascadeurs, moins long mais plus épais, et il pointe droit à la verticale, on dirait un gourdin de chêne noueux. Je sens toutes ses veines pulser de sang chaud à chaque battement de son cœur, et je brûle d'envie de le sentir s'enfoncer en moi.

Mon regard erre autour de nous, mais il n'y a rien où on peut s'installer. C'est juste le pavé de la place, glacé et inégal... Mais apparemment c'est très bien pour lui. Il me relâche et lèche ses doigts en me couvant d'un regard véritablement animal, puis recule d'un pas et me montre le sol à ses pieds, en ordonnant : "A quatre pattes."

J'aurais dû m'y attendre avec lui... il a tout du loup, la silhouette sombre et élancée, l'attitude solitaire et le regard intense, l'autorité inquiétante et l'appétit bestial... et même la manière de copuler. Je me retrouve à m'installer à quatre pattes par terre, mes mains nues à même le sol poussiéreux, taché de la sciure du chantier de construction qui a élevé cette estrade. L'homme me baisse le pantalon sur les cuisses et relève mon manteau en le jetant par dessus ma tête, sans même chercher à me le retirer ; je suis complètement aveuglée, comme sous un rideau lourd et opaque. Lui il doit aimer le BDSM...

C'est excitant, ça aussi. Mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Une claque sonore s'abat sur mes fesses nues, et je sursaute. Je n'ai jamais connu la fessée dans un contexte sexuel. Pour moi, c'est une punition, et je ne vois pas ce que j'ai fait de mal !

Enfin, le chibre au diamètre titanesque vient se frotter contre mon entrée, et je halète tandis qu'il se fraie un chemin lentement et laborieusement, écartant mes chairs étroites sur son passage. La chaleur est aussitôt étouffante sous mon manteau. Je geins comme une chienne tandis qu'il me prend par derrière. Il s'enfonce de plus en plus, et soudain, j'entends un bruit familier : ce claquement que j'avais entendu provenir de la tente de Marianna...

C'est le choc de nos corps qui se heurtent sur un rythme effréné. J'ai du mal à respirer, je sens mes seins érigés qui frottent contre l'intérieur de mon vêtement et ça me fait gémir comme si il me caressait. Mais il n'a pas l'air du genre à aimer les caresses... Ce n'est pas un chien, c'est un loup, et il me fait sentir sa domination.

Je me surprends à murmurer d'une voix entrecoupée à quel point j'aime ça, et que je veux qu'il y aille plus fort. Ce sont quelques minutes d'une extase bestiale et insoutenable, jusqu'à ce qu'il se retire enfin et me présente son sexe en ordonnant :

"Suce."

Cette fois encore, je lui obéis sans réfléchir, et j'aspire tout le sperme qui se déverse dans ma gorge, pour l'avaler avec soin, les yeux levés vers mon maître. Il me caresse les cheveux, une unique caresse, alors qu'il savoure sa jouissance, son regard rivé dans le mien. Et soudain, je ressens quelque chose que je n'avais jamais ressenti, quelque chose que je recherchais avec Sergio mais qu'il ne m'a jamais offert : une appartenance.

Nous nous relevons, les jambes un peu chancelantes, pour rajuster nos vêtements. Une sorte de gêne s'est installée entre nous. Soudain, l'homme, dont j'ignore toujours le nom, brise le silence :

"N'en parle à personne."

"Pourquoi ?"

"Parce que si tu en parles, j'en parle aussi."

L'homme me regarde droit dans les yeux. Quelque chose brille dans son regard, presque une sorte de désespoir ou de supplication. Je hoche la tête, j'ai envie de le rassurer. Et puis, il a des loups à son service... si il voulait se venger de quelqu'un et se débarrasser du corps, ça lui serait facile. Je préfère ne pas m'en faire un ennemi.

"Bien, d'accord. On ne dit rien et tout se passera bien."

"A la prochaine," dit-il simplement. Il me regarde m'éloigner, et me rappelle soudain, alors que je passais sous le rideau.

"Oh, au fait ! Ma louve ne se trompe jamais là-dessus, elle a un instinct pour ça... Elle a tiré sur sa laisse dans ta direction, plusieurs fois, quand je suis passé près de toi, et elle a essayé de te lécher la main..."

J'ai presque peur de poser la question : "Qu'est-ce que ça veut dire ?"

Le meneur de loups remonte sa braguette dans un bruit métallique, et pour la première fois, me sourit :

"Tu es enceinte, Julie."

J'ouvre la bouche, j'ai du mal à réaliser ce que je viens d'entendre, mais au même moment, alors que je regarde le rideau rouge qui retombe devant moi, j'entends la voix de Marianna qui crie mon nom un peu plus loin dans la foule : elle a dû me chercher partout !

Elle se précipite et me prend la main :

"Julie, qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce que tu faisais là sans bouger ? Où tu étais passée ? Tu as été enlevée par les extraterrestres ou quoi ?"

Si elle savait à quel point elle est près de la vérité. Je me tourne vers elle comme dans un rêve, et je dis simplement :

"Il faut que je passe à la pharmacie."

Selon le résultat du test, ma vie va complètement changer... Et il y a cet homme mystérieux qui erre autour de moi avec obstination. Lui aussi a clairement des secrets. J'ai l'impression de me trouver au milieu d'un tourbillon... L'année qui approche sera l'une des plus folle de ma vie.

 

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