L'office commence. Je suis bien sage dans ma petite robe blanche. La prière réunit tous les fidèles, sauf deux : deux jeunes gens qui se regardent, d'un rang à l'autre, discrètement. Ayden et moi. Je suis encore incapable de me concentrer sur autre chose que sur sa présence. Il porte quant à lui un costume noir, et je pourrais presque fantasmer que c'est le jour de notre mariage... Le pasteur va nous inviter à nous avancer vers l'autel, et...

Non. Il me regarde d'un air amusé, et pourtant je sais qu'il sait. La maison de mon père a été cambriolée avant-hier soir, tandis que j'étais à l'Université. On est entré par ma chambre déserte, et il y a entre nos deux chambres une porte pour les faire communiquer, souvenir des anciens occupants de la maison, un couple qui faisait chambre à part. On est passé dans la chambre de mon père, qui regardait la télévision en bas sans se douter de rien...

Ses fenêtres à lui sont sécurisées, bien sûr. Les miennes le sont aussi, désormais. Il y a des barreaux, un verrou dont j'ai la clé, et une caméra de surveillance sous le toit. Plus de visites au milieu de la nuit, de la part de mon cher voisin aux tatouages indécents... J'en suis bien désolée, mais en même temps, ça me titille : et si c'était lui qui nous a cambriolés ?

Heureusement, aucun document important n'a été volé. Les conséquences pourraient être terribles. Mais ce n'était peut-être qu'un coup d'essai. Après tout, ça s'est terminé de justesse, notre chauffeur a failli apercevoir le coupable en rentrant.

Un homme jeune, c'est ce qu'il a dit. Oh, bien sûr, ce serait logique qu'un homme jeune soit engagé par n'importe quel groupe ennemi pour accomplir ce genre de mission. Espionnage industriel, ou pire, espionnage tout court... Mon père est dans les secrets de deux gouvernements, avec tous ses contacts militaires haut placés...

Mais ça pourrait aussi être Ayden.

Et ça pourrait être les deux à la fois. Ayden pourrait être un espion. Après tout, c'est logique, non ? Il y a un point faible évident chez mon père : moi. Il m'a amenée avec lui depuis la France, il vit seul avec moi depuis toujours... Evidemment qu'il me fait confiance et que je suis dans ses petits secrets, et je crains que ce soit la raison pour tout ce qui m'est arrivé depuis notre installation à Los Angeles, l'amour d'Ayden, et ce cambriolage.

Ce serait terrible. Je ne sais pas si je m'en reemettrais.

Hier soir, après m'être mise au lit, j'ai contacté les amis d'Ayden, ceux qu'il m'a présentés sur le terrain vague, et avec lesquels je suis en train de fonder un groupe de rock : Julie et les Pirates. Je leur ai demandé ce qu'il faisait ces dernières années. J'ai inventé que c'était pour lui trouver un cadeau très personnalisé pour Noël.

Ils m'ont chacun donné une version différente.

Pour l'un, il a été en prison, enfin, dans un centre de rééducation pour jeunes gens difficiles, qui ressemblait à l'armée. Pour un autre, il était en Argentine auprès de ses parents, qui tiennent un élevage là-bas ; il passait son temps à la chasse. Une autre encore m'a dit qu'il était chez son oncle depuis longtemps, mais il avait fugué pendant un long moment et était finalement revenu. On dirait qu'il leur a menti. Soit à tous – et à moi aussi – soit il n'a donné la vraie version qu'à une seule personne, mais il a menti à tous les autres.

Je leur parle de cette jolie fille dont il a déchiré la photo devant moi, le jour de notre rencontre ; et de l'oeil au beurre noir que son oncle lui a fait, en l'obligeant à la quitter. Ils ne la connaissent pas, ils ne l'ont jamais vue. Et ils sont surpris d'apprendre qu'Ayden se serait laissé taper dessus par son oncle, ils imagineraient plutôt que ce serait le contraire...

Une seule chose est sûre : Ayden a disparu pendant plus d'un an. Il a donné des explications différentes à tout le monde pour justifier cette disparition. Et il est revenu juste avant mon arrivée, en s'inventant une petite copine que personne n'a vue, et une histoire de rupture tragique, parfaite pour éveiller ma sympathie.

Plus j'y réfléchis, et tout ça ressemble à une mise en scène.

Et ses tatouages ? J'ai demandé aussi. Il ne les avait pas avant ; on dirait qu'il les a faits justement pour me rencontrer. Ce serait une bien étrange décision, mais je ne me suis jamais cachée d'aimer les rebelles et les gens qui sortent de l'ordinaire. Je peux imaginer qu'on paierait un jeune homme charmant pour adopter le physique de mes rêves, si le but était de m'approcher et de me séduire ; et ce serait en effet la manière la plus simple d'y arriver...

Je n'ai pas prié sérieusement, depuis que je suis toute petite, mais là, je fais une exception. Mes yeux se ferment et je me concentre sur ce qui me tourmente, sur ce que j'espère. Faites qu'Ayden soit vraiment amoureux de moi. Faites que je ne sois pas juste une petite idiote, partie loin de chez elle, et qui est tombée sous le charme du premier traître venu.

Je vaux mieux que ça, pas vrai ?

Ayden me fixe toujours, et il a toujours ce petit sourire aux lèvres... Je n'aime pas cette réaction ; mais malgré moi, je n'ai qu'une hâte : le retrouver en tête à tête. C'est inévitable, il va trouver un moyen, une excuse. Ah ! Je sais. Alors qu'on sort, je frôle sa main dans la foule et je lui glisse discrètement un petit papier, que j'avais préparé à l'avance. Et je sais qu'il en tirera avantage. Pourquoi je fais ça ? Je l'ignore, c'est plus fort que moi. J'ai juste écrit : "Club de tir rue Washington, premier cours samedi prochain 14h."

Je sais qu'il viendra. Et il prétendra qu'il est inscrit là depuis des années. Kaplan sera avec moi, prêt à nous surveiller, mais il ne peut pas interdire à Ayden de fréquenter les clubs de sa ville, pas vrai ? Et c'est exactement ce qui se produit. Après une semaine sans histoires – et pour cause : la maison est maintenant totalement sécurisée, plus personne ne pourrait y accéder à moins qu'on le fasse entrer nous-mêmes – le chauffeur m'amène au club de tir pour une première leçon, à laquelle il va prendre part également.

J'ai du mal à croire qu'il ne soit pas déjà, sous ses dehors discrets, un vrai tireur d'élite. Mais il est capable de faire semblant pour endormir ma méfiance. Kaplan me traite comme il traite tout le reste autour de mon père : un danger dont l'ennemi peut tirer avantage. Et je ne lui en veux plus, maintenant. Je reconnais qu'il n'a pas tort.

Ayden vient me saluer à mon arrivée, plus sexy que jamais avec son gros calibre à la main, ses protections sur les oreilles et ses grosses lunettes de bricolage. Il s'est mis torse nu, le traître ! C'est vrai qu'il fait chaud dans cette salle, j'ai bien envie de l'imiter. Mais sous le regard des instructeurs, des autres clients et du chauffeur qui me sert de chaperon, ne rêvons pas. Ce sera une séance frustration, il ne se passera rien aujourd'hui.

J'aimais l'époque insouciante où je pouvais me dire : "ce soir peut-être." Mais c'est fini... Et ça nous met à cran tous les deux.

Je dois dire que je mobilise tout mon agacement et ma colère pour descendre ce stupide mannequin, et ça marche. L'instructeur me félicite. Je ne fais que des cartons. Il me dit que j'ai la main sûre, ou l'oeil, enfin bref, il est impressionné. Il me donne une meilleure arme, qu'il ne met pas en général entre les mains des nouveaux, et je continue à m'illustrer. Je ne sais pas ce qui m'arrive, je me surprends moi même.

Ayden se rapproche pour observer mon bilan ; il ouvre de grands yeux, me dévisage comme si il ne me reconnaissait pas, et finit par murmurer :

"On dirait que tu as trouvé ta vocation; C'est pas exactement le rock."

"Oh, vous aimez le rock, mademoiselle Julie ?" demande Kaplan en se rapprochant de nous, bien décidé à ne pas nous laisser seuls.

"C'est une future star du rock, mon vieux," réplique Ayden, peu impressionné par son attitude intrusive. "Un jour, tu verras sa photo dans le journal, faudra pas t'étonner."

Ils se toisent du regard, et je sens presque une tension animale entre eux ;  ils sont prêts à se sauter à la gorge. Je me place immédiatement entre eux pour les séparer.

"Bon, Kaplan, à vous ! Montrez-nous de quoi vous êtes capable !"

Je suis sûre qu'il fait exprès de tirer plus mal que moi. C'est pour me flatter, ou pour éviter qu'Ayden se méfie... ou pour que l'instructeur croie qu'il est un débutant comme les autres. Je me doute qu'ils ont le chic pour reconnaître les chauffeurs qui sont un peu plus que des chauffeurs, ici. Mais Kaplan fait profil bas, et la séance se termine sans histoires.

De retour à la fac pour la semaine, je ne suis pas rassurée. Pirate, mon petit rat préféré, vient se percher sur mon épaule pour me réconforter, mais je ne peux pas discuter avec elle... Quant à ma coloc, celle qui devrait remplir ce rôle, elle file le parfait amour avec sa copine, autour d'une conférence de science à l'autre bout du campus.

Je suis contente pour elle, mais... J'aurais besoin de discuter avec quelqu'un. C'est alors que je me rappelle de Jim, le parolier officiel de mon groupe. S'il n'a pas un club de poésie dans le bâtiment de la fac de lettres, je peux toujours aller pleurer sur son épaule.

Quand je le contacte, il m'apprend avec enthousiasme que l'un de ses romans a été acheté par Netflix. Une petite série va être tentée, et si elle marche bien, il sera associé à l'écriture de la suite ; il est fou de joie, et ça me fait du bien de l'entendre sourire.

Je lui demande de m'envoyer une copie de son roman pour que je puisse le lire, ce qui le touche beaucoup. Je sais que mes chansons en français lui ont donné l'impression que j'étais une grande poétesse des temps modernes. Peut-être parce qu'il ne comprend pas très bien le français... Ce sont des chansons de rock tout à fait classiques. Mais c'est toujours sympa de recevoir des compliments. On discute de tout et de rien, et je décide de ne pas l'inquiéter.

C'est bien aussi d'avoir une bulle, un jardin secret où je me sens au calme.

Il m'a fourni ses chansons en anglais, et je les répète devant mon miroir. Des chansons d'amour évidemment, tragiques ou passionnées. Mais ça marchera bien auprès du public. Je voudrais juste que mon propre mode de vie n'y trouve pas autant d'échos...

J'enregistre ma voix, et les autres enregistrent chacun sa partie instrumentale ; on envoie le tout à notre monteur, qui commence à faire des essais. Ça rend bien. Je n'ai plus qu'une hâte, commencer à filmer les clips. Je meurs d'impatience de me lancer sur internet et d'avoir la réaction des gens. Il y a sûrement beaucoup à améliorer, mais on ne saura pas quoi tant qu'on ne se sera pas confrontés à l'opinion publique.

Un soir où je rentre d'une balade sur le campus, pour photographier quelques endroits sympas, je me rends compte que Pirate a disparu. Evidemment,  ce n'est pas ma colocataire qui va pouvoir me renseigner, elle est encore de sortie. Je m'en veux presque de l'avoir poussée à sortir de ses bouquins de chimie. C'était bien pratique d'avoir quelqu'un toujours dans ma chambre pour veiller sur Pirate quand je n'y suis pas...

Je la cherche partout, je m'incline au sol pour regarder sous mon lit... et là, j'ai presque un arrêt du coeur : Ayden est là, caché sous le matelas.

Il me fait un petit sourire malicieux, mais je lis dans son regard une lueur froide et presque agressive qui ne me plaît pas du tout. Je recule et il sort de sa cachette, les cheveux pleins de poussière.

"Alors, tu étais où ? Je croyais que tu sortais de cours à dix huit heures."

Oh, le pauvre ! J'espère qu'il n'est pas resté caché là tout ce temps, j'ai pris mon temps pour me balader partout sur le campus. Je me mordille la lèvre, amusée malgré tout : si c'est la raison de sa mauvaise humeur, c'est un peu drôle tout de même...

"Oui, mais je me suis baladée."

"Avec qui ?"

Je fronce les sourcils. Non, il y a autre chose. J'étais avec Jim pour chercher des lieux qui allaient bien avec la chanson... Il est dans cette fac depuis des années, il m'a fait découvrir des endroits particuliers dont je n'avais aucune idée.

"Personne, je cherchais des coins pour tourner le clip ! Tu veux voir les photos ?"

Je lui propose parce que je sais parfaitement que Jim n'y apparaît pas, mais il demande aussitôt : "Qui est-ce qui les a prises ?"

Là, j'ai le choix : mentir, et dire que j'ai demandé à des passants de me photographier, ou que j'ai placé le téléphone sur un support, en déclenchant la photo à retardement ; ou partir du principe qu'il m'a sûrement stalkée un peu, et dire la vérité.

"C'est Jim. Tu sais, ce type qui écrit les paroles en anglais pour nous. Faudra que je te le présente !"

"Oh, pas la peine, j'ai pris mes renseignements sur lui. Tu sais comment il a perdu l'usage de ses jambes ? Il écrivait des poèmes à une camarade de classe en première année. Elle n'a pas jugé que c'était suffisant pour gagner le droit de lui écarter les cuisses. Il les lui a écartées de force. Le frère de la fille lui est tombé dessus avec six copains à la sortie, et ils l'ont tabassé et laissé pour mort, mais que veux-tu, les mauvaises herbes refusent de crever."

J'ouvre des yeux horrifiés. Qu'est-ce que c'est que cette affreuse histoire ? Je n'en ai entendu parler nulle part, et pourtant, tout le monde sait que je traîne avec Jim... Mais c'est une de ces facs élitistes où les histoires embarrassantes sont probablement passées sous silence, surtout si elles concernent des étudiants qui brillent par leur succès. Et Jim vient d'être approché par une chaîne prestigieuse pour tourner une adaptation d'un de ses romans, alors...

Je ne sais plus où j'en suis, tout à coup. Je ne sais plus à qui faire confiance. J'ai l'impression que tout le monde m'espionne et joue avec moi, et que je me laisse entraîner de part et d'autre, comme une vache qu'on mène à l'abattoir !

"Pirate a disparu," dis-je d'une petite voix. C'est tout ce qui me vient à l'esprit.

"Mais non ! Elle était avec moi."

Il la sort de sa poche et me la tend. Je la prends dans mes mains. Ma pauvre petite boulette, elle est comme moi, trop confiante et trop naïve... Je pense soudain à quelque chose :

"Tiens, mon père m'a acheté un chien, ton oncle a dû te le dire... pour me protéger quand je suis dans le quartier. On va l'emmener au club canin, tu pourrais amener le tien et qu'on se voie là-bas."

J'ai continué à parler mais j'ai vu quelque chose de bizarre dans son regard à nouveau, en apprenant que j'avais ce chien ; non, je devine que son oncle ne lui en a pas dit un mot. C'est bizarre, ce n'est pourtant pas un secret d'Etat. Et son oncle n'est pas un type brillant, loin de là. Est-ce que lui aussi se méfierait d'Ayden ?

Je repense à ce qu'on dit ses amis : ce n'est pas lui qui taperait sur Ayden, ce serait plutôt le contraire... Par moments, il me fait peur, mais en même temps je suis toujours terriblement attirée, je n'y peux rien.

"Oui, on pourrait faire ça," répond-il seulement. "Et ce soir, puisque je suis là..."

"Tu n'es pas censé être là," dis-je faiblement tandis qu'il m'attire dans ses bras.

"Non, mais j'y suis."

C'est un argument aussi solide que la poigne avec laquelle il ramène mes lèvres contre les siennes, écrasant sa bouche contre la mienne dans un baiser comme j'en ai rarement connu, un baiser presque désespéré. Il faut que je continue à sortir avec lui, il le faut. Mais parce qu'il ne peut pas vivre sans moi, ou parce qu'il ne peut pas mener sa mission à bien sans moi ? J'ai de plus en plus de doutes, alors que nos vêtements glissent à terre, comme sous l'effet d'un sortilège.

Madison ne rentre qu'à deux heures du matin, cette nuit là. Ayden est déjà parti depuis une heure, et je suis endormie dans mon lit, Pirate à mes côtés. Mais quand elle entre sur la pointe des pieds, je rouvre les yeux en sursaut. J'ai l'impression de me réveiller d'un cauchemar.

"Madison ? C'est toi ?"

"Oui, c'est moi," sourit-elle en rougissant. "Qui veux-tu que ce soit d'autre ?"

Oh, je préfère ne pas y penser.

A mon retour de la fac, je constate que Linux est déjà ravi de me retrouver. Il se rappelle bien de moi, c'est drôle. On ne s'est pas beaucoup vus, il est surtout resté avec mon père, et Kaplan le promène. Mais c'est à moi qu'il s'est attaché. Peut-être parce que je suis la seule à lui faire de longs câlins en relisant mes cours. Je joue avec lui jusqu'au dîner et je lui donne une partie de mon assiette sous la table, malgré les avertissements de mon père, qui craint que je bouleverse la rigueur de son dressage. Je tiens à ce qu'il continue à me préférer !

Puis je monte dans ma chambre, et c'est là que les choses s'emballent. Je commence à écrire à Jim, pour parler de nos chansons, quand on frappe à la vitre. Ce n'est pas un oiseau, je sais très bien ce que c'est. Ayden semble décidé à interrompre mes réflexions chaque fois que je pense à Jim... Enfin, je ne peux pas le faire entrer cette fois.

J'ouvre la fenêtre et je le regarde d'un air désolé à travers les barreaux :

"Désolée, je t'avais dit, mon père a installé des sécurités partout. Je peux même te dire qu'il a mis une caméra pour te filmer," dis-je en lui montrant le coin du mur. Moi, on ne me voit pas, mais lui, clairement. Heureusement, il porte une cagoule.

"Allez, il vaut mieux que tu files, Ayden. Tu vas avoir des gros problèmes sinon. Je te rappelle que le chauffeur a appris à tirer, juste au cas où quelqu'un essaie d'entrer chez nous. Ne leur donne pas une raison supplémentaire de t'en vouloir, ok ?"

"Non, ouvre moi la porte," propose Ayden avec son petit sourire auquel je ne peux pas résister. "Ma chandelle est morte, je n'ai plus de feu... Ouvre moi la porte, pour l'amour de Dieu !"

Il chante en français, ce traître ! Où est-ce qu'il a appris ça ? Son accent est trop craquant, et même si je me refuse absolument de le laisser entrer, je ne peux pas m'empêcher d'aller à la porte du garage pour le voir face à face, discrètement... Mon père va être furieux demain en voyant les caméras. Enfin, là encore, il ne peut voir que l'intrus qui se tient devant la porte. Pas que j'ai ouvert et que je lui parle...

Je lui vole un baiser et il bondit tout à coup dans le garage. J'avais dit qu'il ne devait pas entrer ! Oh là là, ça va encore être le drame. Mon père va croire que le cambrioleur est revenu pour chercher ses documents secrets dans le garage cette fois. Alors qu'en fait, il cherche juste à fourrer ses mains sous ma jupe... je ris et je le repousse en même temps :

"Ayden, tu ne te rends pas compte !  Ce n'est pas une situation pratique ! Pense un peu à moi !"

"Toi ? Tu en meurs d'envie," sourit-il en me capturant dans ses bras.

Et allez, ça va recommencer comme à la fac... Je suis trop faible face à cet homme. Je m'adosse au plan de travail où mon père n'a encore jamais bricolé, j'y saute et je m'installe au bord, les jambes pendantes dans le vide. Mon beau voyou s'approche de moi en ouvrant mes cuisses et joue avec la petite robe qui me sert de pyjama. Sa main remonte entre mes jambes, et je renverse la tête en arrière en gémissant de plaisir.

Il sait exactement comment me toucher... à tous les sens du terme.

J'aimerais qu'on parle plus sérieusement, lui et moi, mais ça ne va pas être possible tout de suite. Il est passionné de mon corps en ce moment. Ma chair le fascine, il la triture sous le tissu sans même me déshabiller. On dirait qu'il essaie d'y faire rentrer ses deux mains. Qu'est-ce qu'il cherche en moi ? Maintenant que la question m'habite, je ne peux plus m'en éloigner.

Il cherche à me faire basculer dans une autre dimension où plus rien n'existe, que nous. Et il y arrive sans effort. Je me perds entre ses mains, une qui retient ma nuque pour m'embrasser, l'autre qui pénètre entre mes jambes et me donne du plaisir. Je noue mes pieds autour de ses jambes et je gémis contre ses lèvres, attendant qu'il daigne passer à l'action. Mais il a envie de plus, ce soir... il a envie de raffermir notre pacte. De s'assurer de ma loyauté.

Je ne sais pas si j'aime ças... Oui, j'aime ça, physiquement, je trouve ça excitant, mais... Je ne sais pas si je veux jouer à la fille soumise aujourd'hui, ce n'est pas mon trip avec mon père ou avec les profs et... Je le laisse m'étendre sur le plan de travail et grimper d'un bond au dessus de moi, comme un fauve ; et quand il se place à genoux au dessus de ma tête, en me présentant son sexe, je le laisse relever mon crâne et j'ouvre la bouche ; il pousse son membre à l'intérieur, et je m'émerveille de le trouver déjà si gros et si dur. C'est excitant de me dire qu'il est tellement excité à l'idée de se taper ma précieuse petite personne...

J'aimerais que le doute disparaisse, c'est tout. Je l'avale profondément, et il commence à me pilonner la bouche sans me laisser reprendre mon souffle. Il est déjà salé contre ma langue, je crains presque qu'il jouisse dans ma gorge sans me toucher davantage. A ce moment il tend son bras en arrière et, tout en continuant à me chevaucher, il enfouit sa main entre mes jambes à nouveau. Ses doigts écartent les replis de mon sexe et entrent en moi, impérieux.

Il agite sa main à grands mouvements secs et vifs, et j'ai l'impression de sentir un autre homme qui me baise pendant qu'il me défonce la bouche. Je me sens prise entre ces deux bêtes de sexe et je m'agite en gémissant, tremblante de plaisir. Enfin, il retire son chibre de ma bouche et se rassoit sur la table, bien calé, astiquant son membre dans sa main.

"Allez, viens. Assieds toi sur moi."

J'obéis sans réfléchir. Il arrive à me dompter et tout au fond, je n'aime pas ça. Quelque chose dans le fond de mon crâne reste lucide, et me dit que, même si c'est très agréable, c'est une sorte de conditionnement pour que j'accepte plus facilement ce qu'il me proposera ensuite. Je ne sais pas ce que ce sera, mais... je l'ai déjà fait entrer chez mon père, alors que je ne suis plus du tout sûre de ce qu'il risque d'y détruire ou d'y voler...

"Empale toi bien," dit Ayden en me fixant droit dans les yeux, tandis que je me place en équilibre au dessus de son entrejambe bien érigé.

"Oui... T'en fais pas. Je connais la musique."

Je sens son gland dur qui frotte contre mon entrée humide. Je prends un peu le temps, je me déhanche contre lui pour augmenter cette douce friction. Je suis en transe. C'est trop bon, ça me rend folle. Mais impatient, il pose les mains sur mes hanches et appuie.

"Allez, je veux te sentir sur moi !"

"Oui... Moi aussi je veux," dis-je dans un souffle, en commençant à descendre sur lui, jusqu'à happer son sexe sur toute sa longueur avec le mien, comme avec une bouche avide qui le dévore. La table en tremble quand je commence à remuer sur lui. Je reste ainsi, complètement transpercée par la grosse colonne qui remonte en moi, et qui pulse sur le rythme effréné de son coeur. Je ne fais que remuer mon bassin d'avant en arrière, sur un rythme déchaîné. Ayden me regarde, de ses yeux flamboyants qui me font perdre mes moyens.

Il aime ce que je lui fais ressentir. Bien sûr qu'il aime. Je suis la compagne parfaite. Toujours prête pour faire des bêtises avec lui, toujours affolée d'envie, sur un simple claquement de doigt. Une jeune fille encore un peu ado, avec les hormones en folie, et un corps souple et agile. Je me dépense et je finis par m'épuiser, à la fois étourdie par le plaisir et essoufflée d'avoir dansé si rapidement sur son membre. Mais il n'a pas joui, il bande toujours. Il me renverse sous son corps, à nouveau couchée contre la table ; sous ses coups de reins, qui redoublent de vigueur et d'audace maintenant qu'il est libre de ses mouvements, ma tête dépasse du bord de la table et s'incline en arrière dans le vide. Ça fait mal !

Il me retient, sa large main puissante placée à l'arrière de mon crâne. Lui seul me soutient au dessus du vide. Je sais qu'il aime cette sensation de contrôle absolu. Je sais que c'est ça, autant que le frottement de nos deux sexes qui se mélangent, qui va le faire jouir. Savoir qu'il me tient en équilibre au dessus du vide, et que je dépends de son bon vouloir pour me maintenir. Je m'accroche à son cou pour me redresser, enfouir mon visage contre sa gorge et y mordre en gémissant sous l'orgasme, mais il me repousse ; une main sur mon sein, il me tient épinglée à la table. Il me regarde de tous ses yeux en me ravageant de plus belle.

J'ai l'impression que tout un régiment est en train de me passer dessus. Ça fuse en moi, une vraie cavalcade infernale, infatigable et insatiable. Je jouis sur son sexe, en me resserrant dans un spasme qui me fait crier. Pourvu que mon père à l'étage n'ait rien entendu... Et enfin, Ayden me suit, plaquant son bassin contre le mien à grands chocs rapides tandis que la jouissance arrive, puis enfouissant son sexe au plus profond de moi, comme un soc de charrue, quand enfin le sperme se déverse avec puissance.

Je sens les giclées qui se succèdent, et je tremble toute entière. Il me possède, il me défonce, il me tient en son pouvoir total. Il est beau, royal, intimidant. Ses tatouages brillent dans l'ombre comme des serpents enroulés autour de son corps. J'ai presque l'impression que je viens de faire l'amour avec un être plus qu'humain, un être qui dépasse ce qui est normal et classique. Un dieu de la mort.

Et cette fois encore, on a  négligé de se protéger. Ça devient une habitude. Je pourrais prendre la pilule, vous me direz ; mais ma tension n'est pas exactement très basse, et j'ai peur de me rendre malade. Et puis, pour prendre ça discrètement sans que mon père le sache, bon courage. Ce serait une sacrée organisation.

Non, il n'aurait qu'à mettre une capote, cet idiot. J'en ai toujours une sur moi au cas où, c'est plus facile à cacher. Mais il ne me faisait pas l'amour, là ; il réaffirmait sa possession. Tandis qu'il se retire hors de moi, je chuchote, dans un petit moment de rébellion :

"Cette fois, je veux que tu me promettes."

"Quoi ? De t'épouser ?"

Je n'aime pas du tout a façon d'en rire.

"Non, que ce n'est pas toi qui as cambriolé le bureau de mon père l'autre jour. Que tu entres pour baiser avec moi, je peux l'excuser, ça a ses avantages, et c'est, euh... innocent ? Mais que tu fouilles dans ses affaires, je ne peux pas l'admettre."

La réaction d'Ayden n'est pas celle que j'entendais : il est braqué. Il voit que je le suis, et il me renvoie mon expression comme un miroir. Comme si je n'avais devant moi qu'un écran, sans personne derrière. C'est légèrement terrifiant.

Même sa voix semble désincarnée, vidée de toute intonation. Une voix que je ne lui ai jamais entendue, surtout après l'amour, où il se montre toujours si expressif.

"A quoi ça servirait que promette, ma petite Julie ? Tu t'es déjà fait ton opinion, on dirait."

Son regard a changé. Je retrouve cette lueur froide qui me paraît tellement sexy. Et pourtant, elle est plus sérieuse que jamais et je sens que je ferais mieux de m'éloigner rapidement. Tout à coup, Ayden sursaute dans un cri et un juron. Linux s'est glissé derrière lui et vient de lui mordre la cheville. Le petit jaloux ! Mais j'apprécie le répit, et j'en profite pour reculer de quelques pas, jusqu'à m'adosser à la voiture.

Mon arme est là quelque part, je l'y ai laissée en revenant du club de tir. J'espère que mon père ne l'a pas rangée. Je ne sais pas encore à quoi je me prépare, mais mon instinct est en alerte. Je vois le regard d'Ayden se tourner vers le petit chien, et je me sens soudain très mal. Non... Il ne l'attaquerait pas ? C'est le portrait craché de son vieux chien !

Mais je me rends compte que je suis beaucoup trop sentimentale pour prévoir les réactions de cet homme, car il s'empare d'un outil de jardin entreposé dans le garage, et le lève, prêt à l'abattre sur Linux qui grogne sans faire mine d'abandonner le terrain.

Je cherche autour de moi, vite. Il faut que je trouve mon arme, mais il sera sans doute trop tard, même si je trouve le cran de m'en servir...

"Les mains en l'air !"

C'est la voix de Kaplan, qui vient de débarquer dans le garage. A croire qu'il suivait en direct l'image des caméras de surveillance. Et c'est peut-être le cas... Pour une fois, je ne suis pas fâchée d'avoir été espionnée.

Oh, mais ça veut dire qu'il nous a peut être vus coucher ensemble. Bah, possible. Je crois que je n'en suis plus à ça près.

"Désolé pour ça, mademoiselle Julie," lance-t-il en s'approchant, son arme à feu braquée sur Ayden, l'air tout aussi froid et déterminé que lui. En ce moment, ils ont presque un air de famille. Mais j'apprécie qu'il s'obstine à me désigner par mon titre, même dans une situation de vie ou de mort, c'est assez charmant. Et j'apprécie qu'il continue à lire dans mon cerveau. Toujours sympathique de perpétuer les vieilles traditions.

Je plaisante. Je suis morte de peur.

"Vous nous avez laissé faire volontairement ?" dis-je d'une petite voix.

"Pour nous surprendre en flagrant délit," complète Ayden en rajustant son pantalon. Il y a un accent furieux dans sa voix qui ne présage rien de bon. Mais il y a une arme braquée sur lui, et il reste calme pour le moment.

"C'est exact. Il y a huit mois, monsieur Ayden a été approché par une agence ennemie..."

Huit mois. Ça fait huit mois que mon père a confirmé sa décision de venir s'installer ici. Mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir davantage, et Kaplan n'a pas le temps de s'expliquer. Ayden bondit soudain derrière la voiture et je l'entends armer un revolver lui aussi. Kaplan me fait signe, indiquant de la main la porte par laquelle il est arrivé :

"Sauvez vous, mademoiselle Julie, et prévenez votre père. Je m'occupe de tout."

Non, pas question.

Je retourne à la voiture. Ayden ne peut pas me voir ; j'en profite pour plonger entre les sièges et retrouver le holster, et dedans... le revolver que papa m'a offert. Alors qu'Ayden tente une sortie pour tirer sur Kaplan, je vois son bras surgir juste devant moi et sans réfléchir, j'y colle plusieurs balles. Quelques cartouches ricochent sur le béton du garage, j'entends Kaplan crier : "Stop !" et je m'arrête encore ahurie. Je n'en reviens pas.

Je lui ai vraiment tiré dessus. Et le voilà à terre, blessé, couvert de sang, son arme à côté de lui. Je la repousse d'un coup de pied. J'entends mon père qui crie à l'étage, il a immédiatement appelé les flics, je me demande dans combien de temps ils seront là. Puis il appelle mon nom au pied de l'escalier... il ne se doute pas que je ne suis plus dans ma chambre.

Je regarde Ayden, et je suis incapable de dire un mot.

Mon bras armé se relève, et je fixe le canon de mon arme directement sur son visage aux yeux flamboyants. Et je dis, d'une voix que je reconnais à peine :

"Ne t'approche plus jamais de moi."

Kaplan me rejoint et me désarme d'un geste doux : "Du calme, mademoiselle Julie. C'est bon, ça y est. Il est neutralisé. Personne ne risque plus rien."

Tandis qu'il attache Ayden, pour attendre l'arrivée de la police, je m'assois dans un coin et je regarde d'un air perdu mon père qui arrive en courant, lui aussi armé, un air de panique sur son visage. Linux est à côté de moi et me lèche les mains ; il n'a rien.

Tout est bien qui finit bien, j'ai juste le coeur brisé. C'est ce qu'exprime le visage que je tourne vers mon père : j'aimerais pouvoir le rassurer, mais je me sens cassée... Je n'ai plus envie de rien.

Les voisins parlent tous de cette descente de police à notre domicile, au milieu de la nuit, après que l'on ait entendu des coups de feu.

A la messe suivante, l'oncle se plaint, lors de la messe, que son vilain petit canard de neveu a encore eu des ennuis ; il s'est laissé entraîner dans une bagarre, il a pris une balle, il a passé deux jours à l'hôpital. Rien à faire avec ce gamin, il l'a renvoyé en Argentine auprès de ses parents, en leur souhaitant bonne chance.

Kaplan n'a rien dit à mon père. Du moins, pas que j'avais ouvert la porte à l'ennemi. Il a été impressionné par ma conduite au cours de l'assaut, et il a juste expliqué que nous avions arrêté un intrus qui avait été repéré par Linux. Autant dire que le petit chien est devenu le roi de la maison, et que mon père ne me dit plus rien quand je lui donne des bouts de viande sous la table...

Je ne reverrai jamais Ayden. Mais il m'a laissé un petit souvenir.

Au bout de quelques mois à étudier le droit sagement, aux côtés d'une Madison impressionnée par mes bonnes manières, j'ai réalisé que j'étais enceinte.

Il ne manquait plus que ça, sérieusement...

Je ne sais pas quoi faire. Je veux me confier à Madison : elle n'est pas là, elle est à un concert de vaporwave avec sa copine. J'appelle Jim. Il me propose de passer dans sa chambre, il ne va pas très bien ce soir.

J'ai encore en tête cette horrible histoire que m'a racontée Ayden la dernière fois... mais d'un autre côté, je ne veux pas devenir une de ces folles qui se tiennent éloignées de tout, sous prétexte qu'un homme, un jour, leur a fait de la peine. Et puis, j'ai vraiment besoin de parler. Je débarque devant chez lui, avec Pirate sur mon épaule, et l'air d'une fille qui vient d'apprendre une très mauvaise nouvelle.

Lui aussi a l'air mal en point. Il m'explique que sa maladie le fait souffrir parfois. Je lui pose enfin la question que je n'osais pas aborder depuis notre rencontre : comment il a perdu ses jambes. Il me montre un petit carnet où il garde ses radios depuis sa naissance, et je réalise qu'il n'en a jamais eu l'usage. C'est bien ce que je pensais... Ayden m'a menti sur toute la ligne.

Je fonds en larmes, et je raconte tout à Jim. Le beau voisin, le groupe de rock, les rapports non protégés, les pieds de nez à l'autorité, puis la surveillance du chauffeur, les soupçons, les tensions, les cambriolages et finalement... ce moment terrible où j'ai failli abattre mon petit ami de sang froid, en comprenant qu'il m'avait menée en bateau.

Et finalement, ce fichu test de grossesse.

Il m'écoute et caresse mes cheveux, silencieux. Quand j'ai fini, il me regarde dans les yeux et m'explique :

"Si la série marche bien sur Netflix, je tenterai de proposer mon prochain roman à Hollywood. Dans tous les cas mes prochains livres se vendront bien. Je peux m'occuper de tout, Julie."

De quoi il parle ?... ça n'a rien à voir avec sa carrière. Ce n'est pas de ça que je lui parle. Ces artistes, toujours au centre de l'affiche, hein ? ...Non, c'est moi qui ne comprends pas. Avec le sale coup que vient de me jouer Ayden, je ne suis plus capable de comprendre à quel point ce qu'il me dit en ce moment est généreux.

Alors, il incline son visage vers le mien et me donne un baiser.

"Je peux m'occuper de tout," répète-t-il avec sérieux, sa main posée sur ma joue. "Si tu veux bien. Ce serait un honneur de pouvoir jouer ce rôle pour toi."

"Quel rôle ?"

J'ai eu un peu trop de comédiens autour de moi, ces derniers temps.

"Le rôle de ton choix."

Il sait tout, pourtant. Il sait que je n'ai aucune envie de poursuivre mes études de droit, que je ne suis pas facile à vivre, que je ne connais personne dans ce pays. Je n'ai rien d'un atout, dans aucun domaine, et puis je suis enceinte d'un autre, d'un assez sinistre personnage. Je ne lui ai rien caché et pourtant, il reste prêt à me donner ma chance. Et moi... Je me suis toujours sentie bien avec lui. En sûreté, au calme, sans pression.

Je voudrais que le reste de ma vie ressemble à ça. Je n'avais jamais imaginé que c'était à ma portée, mais maintenant qu'il me le propose...

"Je veux essayer," dis-je en le regardant, essayant de m'habituer à cette nouvelle idée, cette nouvelle façon de voir Jim. "Peu importent les rôles. Je veux essayer avec toi."

Je me rapproche un peu, et mes lèvres se posent sur les siennes. Elles n'ont rien en commun avec celles d'Ayden ; elles sont douces et tendres, presque craintives contre les miennes. Elles me font beaucoup penser aux lèvres de mon ex, en France, avant qu'on parte pour Los Angeles et que toute ma vie ne soit bouleversée à jamais.

Je glisse le bout de ma langue pour les écarter doucement, et je me rends compte, à ses réactions, sans qu'il ait besoin de me dire quoi que ce soit, que c'est la première fois qu'il embrasse quelqu'un. Mais alors... ça serait aussi la première fois qu'il fait l'amour ? J'en ai des frissons tout à coup. Je ne sais pas si je suis prête à me lier à nouveau de cette façon, et à vrai dire, je ne sais pas si il est prêt lui non plus, mais j'en ai soudain terriblement envie. Une envie que je n'arrive pas à apaiser ou à raisonner.

J'intensifie le baiser, et très doucement, la main que j'avais posée sur son épaule descend au long de son torse. Je guette ses réactions. Il ne fait rien, mais au moins il me laisse faire. Je ressens sa curiosité, à sa façon d'incliner le visage pour m'offrir l'accès à sa bouche. Ma main descend au long de son ventre... Il se tend légèrement mais me laisse faire. Je le frôle doucement, à travers son pantalon, et je le sens dur et bien gonflé.

C'est drôle, il n'en montre rien. Son comportement n'en est pas altéré, je veux dire. Si je ne l'avais pas touché franchement, je ne m'en serais jamais doutée. Je le caresse encore un peu en l'embrassant, puis je recule légèrement mon visage, pour déposer des baisers sur sa mâchoire, son cou... je veux lui laisser la possibilité de dire quelque chose, si il n'est pas tout à fait à l'aise avec  ce que je suis en train de faire : ouvrir son pantalon, très lentement.

J'ai l'impression de me livrer à un rituel important. Mais ce qu'il dit à ce moment là, alors que je plonge les doigts dans son sous vêtement pour toucher la peau de son sexe, me fait sourire.

"Tu sais, Julie... Je suis stérile."

"Et alors, idiot ? Je suis déjà enceinte. Tss, j'aurais dû aller avec toi depuis le début, je ne serais pas dans une situation pareille."

Le pauvre... Il avait peur que ça me dégoûte. Je peux imaginer que, s'il a toujours été dans ce fauteuil, il s'est déjà heurté à des réactions agressives de la part des braves gens de sa classe, et il en a pris l'habitude... C'est tellement triste. J'ai envie de le serrer dans mes bras comme une peluche ; mais j'ai aussi d'autres envies, qui sont en train de prendre le dessus.

"Tant que tu bandes..." dis-je d'une petite voix sucrée, chargée de sous entendus.

Apparemment, il n'a jamais entendu une fille lui parler de façon aussi directe, et son sexe se raffermit aussitôt dans ma main. J'en souris en le masturbant de plus belle, en longs mouvements de haut en bas, et il s'étend en arrière sur le lit, entièrement offert à mes caresses.

C'est complètement différent d'Ayden. On n'est pas sur l'établi du garage, qui grince et semble prêt à se disloquer ; on est sur un lit de plume, confortable comme un nuage. Je n'ai pas la tête dans le vide, à la merci des caprices de mon amant ; j'ai la tête dans les étoiles. Et il ne m'ordonne pas de me placer sur lui, il me regarde amoureusement, curieux de savoir ce que je fais faire ensuite. Je me sens comme une reine.

Je découvre un bonheur étrange : il y a une autre différence avec Ayden, Jim et moi sommes des poètes, des auteurs de chansons. Et nous avons commencé ensemble l'aventure de ce groupe de rock qui est désormais tout mon avenir. C'est davantage qu'un rapport sexuel. Je ne sais pas comment décrire ça... c'est mystique. C'est le début de quelque chose de fort, quelque chose de magique, une relation qui va nous lier dans tous les aspects de nos vies. Je vais tout partager avec lui. On est sur la même longueur d'ondes.

Oh mon Dieu, je crois que je suis en train de devenir adulte. Vous me direz, avec un enfant en préparation et un mec dans mon lit, il était temps. Eh bien, chacun à son rythme, ok ? Je fais ce que je peux. Bon et c'est plutôt moi qui suis en train de me glisser dans son lit, en le déshabillant doucement, descendant son pantalon sur ses cuisses pour faire apparaître son sexe bien dur. Oh oui, il bande, aucun problème de ce côté là.

Je me déshabille aussi, et il regarde mon corps apparaître, fasciné. Son regard se fixe sur mes seins, et j'y attire sa main pour qu'il me caresse. Moi aussi, je tiens à l'encourager.

Il se laisse faire avec joie, ses doigts enveloppent ma peau et je sens avec délices les premières tentatives pour me toucher sensuellement, un mouvement lent et doux qui me palpe sans me faire mal. Sa paume frotte contre mon mamelon qui se redresse, incroyablement sensible depuis que je suis enceinte.

Je continue à me déshabiller, et me voilà nue... un de mes seins logé dans sa main, et le reste de mon corps à sa portée. Je l'enjambe et je m'étends contre lui, mon corps chaud pressé contre le sien et un petit soupir tendre au bord des lèvres, quand je sens son membre se dresser par petits frissons entre nos deux ventres soudés.

"Julie... J'adore ce que tu me fais," dit-il d'une voix rauque. "J'ai très envie de te faire l'amour. Tu aurais une capote ?"

Avec un sourire, je fouille dans la poche de mon pantalon : oui, elle y est toujours, par habitude. Je ne sais pas pourquoi il me la réclame, mais il a raison. Et c'est peut être cette dernière différence avec mon ancien amant qui me fait plonger par dessus bord. Jim est raisonnable. Je place la membrane de latex au long de son membre qui pulse sous mes doigts, chaud et palpitant de désir. Je le regarde quelques instants ; il est beau. Je n'avais jamais remarqué à quel point il était beau, je n'y avais même pas pensé, et pourtant... Maintenant que j'y réfléchis, j'ai toujours désiré sa compagnie. J'ai toujours été avide de me rapprocher de lui...

Et maintenant, le moment est venu de sauter le pas.

Je le fais entrer en moi lentement, redressée pour qu'il puisse admirer les expressions de mon visage et le balancement de ma poitrine. Submergé par la sensation qui monte, il me fixe d'un regard plein d'étoiles, comme si j'étais ce qu'il y a de plus beau sur terre. Je m'en veux d'avoir douté de lui, quand Ayden a été jaloux et m'a raconté cette histoire horrible à son sujet.

Mais je vais me rattraper. Au centuple.

Mes hanches commencent à rouler doucement contre les siennes, et ses abdos se tendent, alors que sa queue glisse lentement dans et hors de moi, caressant mes parois de son volume durci. Je respire profondément, j'arque mes reins et j'accentue peu à peu mes mouvements, sans le quitter des yeux. Mes mains caressent son visage, massent ses épaules et son torse. Je finis par m'incliner en arrière, laissant pleuvoir mes cheveux sur mes reins cambrés. Mes cuisses s'activent plus rapidement, je le chevauche de toutes mes forces.

Ma voix émet des gémissements aigus, le lit se met à trembler.

Jim s'agrippe à mes hanches. Je sens ses doigts s'accrocher à ma peau et me griffer légèrement, et je perçois les mouvements que fait son sexe en moi pour se durcir encore davantage, prêt à libérer sa semence. Je me sens trembler ; c'est trop bon... je me recouche contre lui et je lui mordille la lèvre inférieure, regardant son visage se tordre de plaisir alors que mes mouvements s'accélèrent, soutenus par ce nouvel appui.

Je jouis la première, et je m'écarte rapidement pour lui retirer sa capote, prendre son sexe en bouche et le masturber rapidement en même temps. Je veux l'avaler. C'est tellement bon avec lui... tellement différent... et quand je relève les yeux, je lis dans son regard la même décision que je viens de prendre. Toutes nos nuits ressembleront à celle ci.

 

Fin

 

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